de Jean-Claude MANARANCHE
RAPPELLE-TOI *
Rappelle-toi le vent qui te contait fleurette
En t'offrant des parfums de sauge et de lilas
Et ce rose à tes joues quand tu lui tenais tête :
Je voulais t'abriter ; tu riais aux éclats.
Rappelle-toi le cours de ce ruisseau bohème
Qui nous suivait de loin en se dissimulant ;
Au détour des rochers, il te disait « je t'aime
» :
J'y jetais des cailloux ; toi tu faisais semblant.
Rappelle-toi l'oiseau posé sur la fontaine
Où penchée tu buvais ; il ne s'envolait pas.
Il regardait ta gorge en sifflant sa rengaine :
Je l'ai chassé en vain ; il a suivi tes pas.
Rappelle-toi le buis qui poussait sur la pente
Que nous avons gravie et où toi tu glissais ;
Ses rameaux retenaient ton jupon amarante :
Je vins les écarter, toi tu les caressais.
Rappelle-toi l'éclat du soleil de septembre
Qui surgit brusquement à l'orée du sous-bois ;
Pour toi je l'ai surpris qui se faisait plus tendre :
J'ai voulu le voiler, j'ai bien vu ton émoi.
Rappelle-toi le vin servi sous la tonnelle
Dans un pichet de grès et un verre à deux sous ;
Il a mis des lueurs au fond de ta prunelle :
Il m'avait devancé, j'avais eu le dessous.
*
Ce poème a obtenu le premier prix (catégorie libre)
du concours de poésie organisé par le Lion's Club
en 2003.
On le retrouve dans le recueil intitulé "Le Jardinier Libertin",
par Jean-Claude Manaranche, aux éditions
Thierry Sajat - 2013
© Jean-Claude Manaranche
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