Le lac était nocturne et la rive, lointaine.
Et ma présence ici ne pouvait qu'intriguer,
entre la lune d'eau qui dérivait à peine
et le songe diffus d'un saule fatigué.
Une ondine soudain se sentit attouchée :
ma paume était coupable et sa nuque, complice.
La réponse à son cri fut au calme arrachée
et le trouble des eaux témoigna du délice.
Mais le jour aussitôt la rendit transparente
et ― quoiqu'elle fût ceinte ― aussi lâche qu'un pleur ;
et ce qui reste d'elle est une eau différente,
un sillage sans cygne et un sang... sans couleur.
in « Poèmes traduits du silence » - recueil 1
(voir LIBRAIRIE)