Une nuit s'est éclose
au milieu de l'étang,
et son étoile rose
éclaire par instants.
Les ondes se sont tues
au passage du cygne,
et craignent qu'il ne tue
ce que ses yeux désignent.
Plus grand-chose n'est bleu
lorsque l'oiseau s'élance,
et l'on entend qu'il pleut
quand revient le silence.
Une larme est tombée
et un cercle l'entoure.
Est-ce un début d'ondée
ou la fin d'un amour ?
Le cercle disparaît
et l'eau redevient lisse,
et quand le mauve est prêt
les nymphéas fleurissent.
Et parmi les pétales
qu'on détache en rêvant
il en est un, plus pâle,
qui part avec le vent.
Maintenant qu'on est seul,
la surface de l'onde
est comme le linceul
d'une vie plus profonde.
Mais le pétale au vent
est retombé au sol,
plus pâle que vivant.
Est-ce la fin du vol ?
Le silence en dit long
sur celle que j'attends,
et l'écho du vallon
le redit en partant.
in « Poèmes traduits du silence »
édition 2016
(voir LIBRAIRIE)