en   MOT  dièse
petite  ANTHOLOGIE  de  poésie  et  de  musique  de  chambre

de Philippe MARTINEAU

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PÂLE DE TEINT



Il est pâle de teint et conserve la pose,
applaudi doucement par des papillons d'or.
Il demeure immobile à chaque pas qu'on ose.
Est-ce trop indécent de s'approcher encor ?

Il a les yeux fixés sur la rive étrangère
et sa narine flatte un parfum de cresson.
Il est en uniforme et sa balle de guerre
attend qu'on la percute en face du Saxon.

Il ne s'aperçoit pas que j'ôte mon corsage
et que ma chevelure abandonne du lest,
il a les yeux fixés sur un autre rivage
et ne fait guère écho... qu'au silence de l'est.

Sans doute est-ce décent que je l'ensevelisse
et cache les deux trous qui mènent à son cœur,
avant que, nue au sein, je ne m'évanouisse
et n'ajoute au tombeau la relique d'un pleur.


in « Poèmes traduits du silence » (voir LIBRAIRIE)


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