en   MOT  dièse
petite  ANTHOLOGIE  de  poésie  et  de  musique  de  chambre

de Philippe MARTINEAU      (pas de son)

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Le Pigeon solitaire



Un pigeon s'aimait d'amour tendre…
Eh oui : l'un des deux,
car n'est pas l'autre qui veut.
Et ce seul, ne pouvant plus s'attendre,
était tout à s'en faire l'aveu.

— Comment ! s'écrie le Créateur,
au rite d'Onan tu fais fête,
alors que pour toi seul
tombent les colombes !
qu'à mon image j'avais faites.

— Seigneur, le vent les a plumées !
et voir ces roucoulettes
ne pondre qu'omelettes
n'incite guère à se pâmer.

— Choisis ma libellule, encore demoiselle :
fais-la choir de sa brise
et offre à son sillon ta semence et ton zèle
pour que mon horizon soit grand de vos petits.

— Mais l'onde où je me mire
a bien plus de facettes ;
et ce mouvant empire
vaut que je m'époussète…

— Y tremble une sirène,
entre humaine et voilier.
Va et vient en son lys comme abeille en tournée
et tu auras un fils qui portera tes traits.

— Je n'aime qu'un visage :
celui que me tend l'eau.

— Alors que cette peau n'est que ruine d'orage !

— Cette onde aussi a été faite à ton image...

— Puisque rien ne t'aura fait plier,
ne sois donc plus que trace.
Et qu'on élise une race encline à se multiplier.


in « Fables de compagnie » édition 2010 (voir LIBRAIRIE)

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