C’est quand je ferme l’œil que je te vois de près,
toi qui vogues sans lune au-delà de l’Espace.
Pour tout autre que moi tu n'es qu'un point qui passe
et ton nom, Uranus, reste ton seul portrait.
Ignorant d'où tu viens et quel est ton secret,
les faucons que je lance te prennent en chasse.
Mais tu les rends si lourds et leur aile, si lasse
qu'ils ne t'échappent pas et te servent d'engrais.
Est-ce à mon tour déjà ? Dois-je me tenir prêt
au milieu de ta ronde éternelle et vorace ?
C’est quand je ferme l’œil que ton orbite est basse
et que ton corps gravite de plus en plus près.
Ô que ce rêve éclate avant qu’il ne soit vrai,
avant qu'il ne me montre une autre de tes faces !
Mais voyant qu’aucun pleur à présent ne t’efface,
puisse l’œil imprudent dormir encore après !
in « Poèmes traduits du silence » - recueil 1
(voir LIBRAIRIE)