Un étang recueilli dormant au val profond,
Un voile de nénuphars flottant à la surface
De ses eaux assoupies et qui tournent en rond
Lentement sur eux-mêmes et jamais ne s'effacent,
Jamais ? Ou seulement une fois - ô beauté,
Et qui donnent à voir, si fugitivement,
Un sable lisse et doux jusque-là occulté,
D'une finesse extrême, un pur dévoilement...
Comment dire la merveille ?
Ainsi fut ton visage.
D'une taquinerie contraint de te défendre,
D'un mal imaginé avec un peu d'émoi,
Tout à coup mis à nu, au plus près de l'idée,
Tu m'offris ton visage :
Je le vis, une fois.
Une taquinerie t'accusait vaguement,
Tu l'as envisagée vraiment sérieusement.
Tu m'offris ton visage en parlant avec feu,
Joyeusement repoussant
Quelque propos léger te faisant entrevoir,
Accusé étais-tu,
Un mal ténu avec sérieux.
Que tu fus imprudent !
Tu laissas percevoir
Le fond le plus clair, le plus doux
Le plus pur, le plus innocent,
Le fond le mieux disposé
Que personne ici-bas ait rêvé
De contempler.
in « Amour et autres métamorphoses » - 2010 - atlantica